Les idées fausses au sujet de la recherche animale

 

Certaines idées fausses circulent sur le sujet de la recherche animale. Vous trouverez ici les réponses à celles qui sont les plus répandues. Si vous souhaitez poser des questions n’hésitez pas à nous contacter. Par ailleurs le site en langue anglaise Speaking of Research donne de nombreuses informations sur ce sujet et propose un flux RSS régulièrement alimenté.

Idée fausse n°1 : « La recherche animale ne fait pas progresser la médecine. »

D’importants progrès en matière d’hygiène et d’alimentation ont permis dans le passé d’améliorer la santé humaine sans recours à la recherche animale. Mais une fois ces progrès réalisés, seule la connaissance scientifique acquise entre autres par la recherche animale permet d’aller plus loin dans la prévention et le traitement des maladies.

La preuve en est que la très grande majorité des Prix Nobel de médecine qui depuis plus d’un siècle honorent les plus importants progrès en matière médicale se sont appuyés sur la recherche animale. Cela a encore été le cas en 2014.

Idée fausse n°2 : « La morale n’est pas compatible avec la recherche animale. »

L’expérimentation animale respecte la morale même si c’est une activité qui comme la plupart des activités humaines a des conséquences positives (progrès scientifique et médical, santé humaine et animale) et des contreparties négatives (mort d’animaux, parfois douleur).

La morale est respectée quand les valeurs humaines interviennent dans les choix et les décisions. Cela signifie ici que les aspects positifs doivent être vérifiés et optimisés, que les aspects négatifs doivent être justifiés et minimisés et que tous deux doivent être comparés avant d’agir. C’est exactement sur ces bases que les comités d’éthique fonctionnent et que les réglementations sont bâties. La nouvelle directive européenne de 2010 a créé l’exigence d’évaluation éthique avant toute étude sur animaux (Article 38).

Idée fausse n°3 : « Les méthodes alternatives peuvent remplacer la recherche animale. »

Les méthodes alternatives (méthodes in vitro et in silico si on s’en tient au sens de la question) ne peuvent pas remplacer la recherche animale.

La recherche animale consiste à étudier un animal, organisme vivant complet et autonome. Les méthodes in vitro consistent à étudier une partie d’organisme (souvent animale, rarement humaine) maintenue en survie dans un environnement artificiel. Les méthodes in silico consistent à utiliser des programmes informatiques qui tentent de prédire le comportement d’une partie de l’organisme. On voit que ces méthodes sont fondamentalement différentes. Elles apportent toutes des informations mais elles ne peuvent pas se substituer les unes aux autres. 

Pour tenter d’illustrer les différences fondamentales entre ces méthodes, on peut imaginer l’étude d’un ordinateur : la recherche animale correspondrait à l’étude de l’ordinateur allumé quand les méthodes in vitro étudieraient les composants de cet ordinateur dispersés sur une table et les méthodes in silico ses schémas de construction. Aucune de ces méthodes ne permettrait à elle seule de comprendre comment fonctionne l’ordinateur ni comment le réparer en cas de panne. Toutes sont nécessaires.

Idée fausse n°4 : « Les médicaments provoquent des accidents à cause de la recherche animale. »

Les accidents dus aux médicaments (iatrogénie) sont dans leur très grande majorité consécutifs à des effets secondaires connus qui surviennent à cause de prises inadaptées ou erronées. Le manque de continuité et de suivi d’un traitement peut aussi être à l’origine de ces troubles. Selon l’Observatoire Jalma du financement de la santé en France, « environ 25% des médicaments prescrits par les médecins ne seraient pas pris par les patients ». Ce qui conduit à un problème majeur de santé publique : plus de 12 000 décès et plus de 100 000 hospitalisations seraient dus chaque année à une mauvaise observance des traitements

Les médicaments sont des produits actifs et puissants. Leur utilisation doit toujours se faire avec prudence surtout chez des personnes fragiles. C’est ce que l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) rappelle sur son site.

Il arrive qu’un effet secondaire inconnu soit découvert chez des patients et cela malgré les études réalisées au préalable (études in vitro, recherche animale et essais cliniques). En effet malgré la grande qualité des études et les efforts permanents des chercheurs et des administrations du monde entier, le risque zéro n’existe pas. La raison en est la variabilité presque infinie de la population des patients (voir La sécurité des médicaments). C’est pourquoi on a créé la pharmacovigilance qui collecte et diffuse le plus rapidement possible les informations importantes liées à l’utilisation des médicaments.

Idée fausse n°5 : « Les hommes ne sont pas des animaux, c’est pourquoi la recherche animale n’est pas efficace. »

Les hommes et les animaux sont issus d’une même évolution depuis que la Terre existe. C’est la raison pour laquelle les animaux et l’homme ont énormément de choses en commun : l’ADN et l’ARN ont les mêmes codes chez la méduse, la mouche, le poulet, la souris ou l’homme. On sait que 99% des gènes de la souris ont un gène homologue chez l’homme. On retrouve chez tous les mammifères (souris, rat, lapin, chien, porc, singe) les mêmes organes que chez l’homme (cerveau, cœur, poumons, intestin, foie, reins, peau) et qui fonctionnent de façon similaire. C’est le principe d’homologie qui étaie le recours à la recherche animale. Il est tout à fait logique et efficace d’étudier les animaux pour faire progresser la santé humaine.

Les différences qui existent entre les animaux et l’homme loin de paralyser la recherche permettent de progresser. On peut par exemple découvrir pourquoi une espèce est résistante à une maladie ce qui aide à trouver des remèdes pour celle qui y est sensible.

Idée fausse n°6 : « La recherche animale est une torture ».

La torture n’existe pas dans les laboratoires et la douleur est absente de la plupart des études.

Les images choquantes qu’on voit parfois sont manipulées pour effrayer.

Les USA qui recensent la douleur en recherche animale constatent son absence pour 61% des animaux et sa suppression par administration d’analgésique ou d’anesthésique pour 30% des animaux. Ce sont au final 9% des animaux qui doivent supporter une douleur. Celle-ci est malheureusement en général connue des patients car elle est due aux maladies étudiées que sont le cancer, les maladies inflammatoires ou les accidents vasculaires.

Les comités d’éthique et les équipes de recherche veillent systématiquement à prévenir, détecter, diminuer ou supprimer la douleur. Le recours à l’anesthésie est systématique sauf si elle est plus traumatisante que la procédure ou incompatible avec sa finalité (code rural art. R214-109). Une étude qui implique une douleur, une souffrance ou une angoisse intenses susceptibles de se prolonger sans qu’il soit possible de les soulager ne peut être mise en oeuvre (code rural art. R214-108). Une dérogation peut être accordée par le ministre chargé de la recherche seulement après avis des autres ministres signataires et avec notification auprès de la Commission européenne qui peut s’y opposer. 

Idée fausse n°7 : « Ce n’est pas l’intérêt scientifique qui motive le recours à la recherche animale ». 

Le recours à la recherche animale est toujours motivé par l’intérêt scientifique et dans un objectif de santé publique.

Cette recherche peut s’inscrire dans le cadre d’exigences légales comme c’est le cas pour les études de sécurité des médicaments. Ici, le législateur impose le recours aux animaux pour certaines études parce que c’est le moyen le plus sûr d’obtenir des données scientifiques valides sur les effets d’un futur médicament.

Le recours à la recherche animale peut s’inscrire dans le cadre de la recherche scientifique et médicale. Dans ce cas, le chercheur est libre d’utiliser les méthodes de son choix. Le recours fréquent à la recherche animale s’explique, non pas par l’habitude ou une pression de la communauté scientifique, mais par la volonté d’utiliser les méthodes scientifiques les plus efficaces pour permettre des découvertes. Et la recherche animale fait partie de ces méthodes.

Idée fausse n°8 : « La France est le pays d’Europe qui utilise le plus d’animaux en recherche, ce qui prouve son manque d’égard pour les animaux ». 

C’est faux. La dernière enquête disponible indique que la France a utilisé 2,2 millions d’animaux en 2010 tout comme le Royaume-Uni.

Ce que les chiffres nationaux indiquent réellement c’est l’importance accordée par les pays à la recherche biomédicale. En effet, c’est l’importance de cette recherche qui fixe le nombre d’animaux utilisés. Dans ce domaine il faut souligner l’efficacité de la recherche française, efficacité qui seule justifie l’utilisation d’animaux: trois chercheurs français ont obtenu un Prix Nobel de médecine depuis 2008.

Idée fausse n°9 : « Les animaux ne sortent jamais vivants des laboratoires ». 

Une idée répandue est que les animaux ne sortent jamais vivants des laboratoires. Que ce soit pour des raisons scientifiques, sanitaires, éthiques, réglementaires ou par manque de solutions pratiques il est en effet souvent impossible de permettre à un animal de mener une vie après le laboratoire. Même si depuis longtemps des établissements qui ont cette possibilité proposent, en accord avec la réglementation, des retours à la vie extérieure ou des « retraites » pour leurs animaux, cela reste une exception.

Mais les choses évoluent. Depuis quelques années des associations se créent dans le but de favoriser la réhabilitation des animaux de laboratoire dans les cas où c’est possible. En France, l’association GRAAL oeuvre depuis des années dans ce domaine et en collaboration avec les chercheurs a pu donner accès à une retraite heureuse à de nombreux animaux d’espèces variées (chiens, chevaux, animaux de ferme, oiseaux, macaques, hamsters).